L'INDICIBLE

"La rhétorique devrait être enseignée au Lycée dès la classe de première. C'est un projet politique : une société dans laquelle les individus sont plus éclairés et exigeants est une société où ils seront plus en mesure d'exercer leur citoyenneté. Une démocratie, c'est un régime où le pouvoir rhétorique est partagé". Clément VIKTOROVITCH (Docteur ès Sciences Politiques - Professeur de Rhétorique)

samedi 1 décembre 2007

3) Alerte "orange" sur le Finistère ! Rappel de 1987 ?

La pulpeuse présentatrice de la météo signale, dans un sourire télévisuel et insouciant, que les côtes de la Manche allaient sans tarder affronter des vents de plus de 120 km/h, et ce jusqu'à demain soir. Le Finistère serait particulièrement touché. Mais, comme cette créature n'en a rien à foutre, car elle habite Paris, elle s'empresse de refermer son journal avant de rejoindre le Fouquet'sZy2x l'a convoquée, vu son extérieur apparent !
  • Ceci me rappelle l'Ouragan (véridique !) qui frappa la Bretagne dans la nuit du 17 octobre 1987. Je m'en souviens d'autant plus que je suivais une formation à Poitiers et que je rentrais ce soir-là chez moi, à Elliant.
  • Solange devait venir me récupérer à la gare de Rosporden à minuit 20. Je ne suis arrivé que le lendemain matin à 11H... Le train a dû s'arrêter en pleine nuit de tempête entre Auray et Lorient, des arbres entravant la voie.
  • A la demande des régimes spéciaux (alias les cheminots de service), je suis descendu du train pour aider les paysans des alentours, alertés, munis de tronçonneuses et divers outils de chouans, pour déblayer les arbres bloquant le convoi.
  • Bizarrement, il faisait lourd, le ciel, malgré la nuit, semblait rouge, il ne pleuvait pas et le vent grondait par rafales, jusqu'à nous forcer à nous cramponner au bord des talus...Finalement, le train repartait au petit matin.
  • Spectacle hallucinant au lever du jour, de toitures enlevées, de camions renversés sur les routes, de caravanes explosées dans une concession, d'arbres jonchant les routes, parfois écrasant des voitures...
  • Exténués, les régimes spéciaux décrétèrent le terminus à Lorient. Ils mirent à notre disposition un bus jusqu'à Quimper. Celui-ci se fraya lentement un chemin dans l'amoncellement de débris (arbres, tôles, câbles, voitures) qui barraient la route.
  • Lignes téléphoniques coupées, portables en attente de leur propre invention par Bill Gates ou un autre, j'ai finalement réussi à joindre, je ne sais plus comment, celle qui m'attendait depuis la veille, inquiète et surtout paniquée, Solange. Guillaume avait 2 mois 1/2, Laëtitia 7 ans...
  • Bref, j'arrivais chez moi, à Elliant, pour voir la voiture de mon voisin en équilibre sur la haie mitoyenne, menaçant de tomber sur ma propre auto, les massifs écrasés, deux magnifiques cèdres affalés dans le jardin etc.
  • Je ne pus repartir à Poitiers que le jeudi suivant, toute communication étant coupée. En attendant, Solange et moi allions à la fontaine de la commune (miraculeusement sauvée de l'impérialisme naturel mais aussi capitaliste !), munis de seaux et de brocs, pour fournir en eau notre maigre existence... Laëtitia jubilait ! Plaisir du retour à la nature... et à la fontaine... promenades, finis les bains fastidieux etc. Moi, marqué par le panthéisme de Brassens, j'avais envie de susurrer à l'oreille de Solange : "Dans l'eau de la claire fontaine / Tu devrais te baigner toute nue" ! Mais ma douce, résolument matérialiste en ces moments de pénurie, s'activait plutôt à emplir les brocs du précieux liquide que nous laissait encore Dame Nature ! Quant à Guillaume, il n'a jamais perçu le moindre indice de la catastrophe que nous vivions !
  • A mon arrivée à Poitiers, en retard de 4 jours, mes collègues s'étonnèrent de mon histoire. En réalité, les journaux régionaux et nationaux n'avaient guère parlé de cet ouragan sur la Bretagne. La télé encore moins ! Paris vivait normalement et je crois même que Zy2x entrait à la mairie de Neuilly... Donc, rien d'inquiétant à l'horizon !
  • Rappelons que cette tempête a fait 2 victimes, sans compter nos chouans et artisans qui durent fermer boutique, des forêts dévastées, des dunes et bords de mer ravagés, des rivières englouties, des maisons éventrées... Les vents avaient soufflé jusqu'à 260 km/h sur Ouessant !
Donc, voilà ! Ce soir je crains le pire. Le vent souffle fort et il ne pleut pas. Le ciel rougeoie... Je vois déjà des branches et divers débris qui passent devant ma fenêtre, pourquoi pas bientôt un "a la heul" émancipé et allégé !!!
Je suis seul, Solange aussi, la miss météo est au Fouquet's, Zy2x s'en contrefout (les Bretons sont tous des cons !), mes enfants sont loin, je ne trouve plus mes brocs, la fontaine est bitumée, mon maire est de droite jusqu'à nouvel ordre, je ne peux pas monétiser mes RTT car au chômage, les pâtes ont augmenté, mes voisins sont des voleurs, Bolloré dirige mon quotidien gratuit... Alors, que vais-je devenir ?

Je vous le dirai à l'issue de
l'Ouragan tant ignoré !!!

GUY

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